Je perdais mon temps, je n’arrivais en rien en ce moment, Rixak qui me ramassait à la petite cuillère à la ville de Traverse, Axell qui quittait l’Organisation, c’était comme si tout ce que j’avais construit jusqu’ici s’effritait petit à petit autour de moi. Cela ne devenait frustrant, même si je ne pouvait pas m’énerver, cela ne fonctionnait pas comme prévu et c’était tout bonnement impensable dans ma tête, mes grands idéaux et mes projets futurs…
J’étais comme rageuse et j’avais ouvert un passage à la va vite, sans aucune idée de là où je pourrais atterrire. Ce fut au Pays Imaginaire, et plus précisément sur un bateau que ma porte sombre s’ouvrit.
Ca tanguait et je fus un tantinet déstabilisée lorsque je posais le pied sur le plancher sombre. Il faisait plein jour et plutôt chaud, la couleur de mes vêtements était noire et j’attirais le soleil comme un pot de confiture une mouche, j’allait avoir chaud. J’étais énervée et lasse en quelque sorte, je retirais mon manteau le balançais par dessus bord, j’étais incognito car personne n’avait jamais vu mon visage à part Yuki et il était apparemment mort d’après ce qu’on m’avait rapporté… Juste les membres de l’Organisation, mais jusqu’à ma propre connaissance c’était moi le chef et je n’avais envoyé personne là-bas.
Je faisais les cents pas sur le pont, je n’arrivais pas à me concentrer, et il y avait une espèce de mélodie qui tournait dans ma tête, une mélodie au piano.
Je mis quelques instants à comprendre qu’elle ne venait pas de mon esprit mais d’une pièce à côté du pont, sûrement la cabine du capitaine vu où elle était située.
C’était une chanson sans mélodie, sans rythme, en fait il s’agissait juste d’un imbécile qui s’amusait à taper sur les touches, cela n’avait aucune cohérence, c’était agaçant…
Je soufflais, et m’approchais de la porte, je tenais quand même à être discrète.
Oh et puis après tout qu’est-ce que je pouvait bien risquer ? J’ouvrais donc la porte normalement, mais assez silencieusement pour ne pas attirer l’attention du pseudo-musicien massacreur…
C’était un garçon, ni trop vieux ni trop jeune, j’aurais dis entre quinze et 16 ans, en costume, étrange accoutrement, et je le sentais, son cœur qui battait, dans un rythme calme et régulier, cela me creusa encore plus le trou que j’avais à la place.
J’avançais par derrière, j’explorais rapidement les lieux, c’était recouvert de dorures, de beau bois et d’épais coussins et rideaux de velours rouge. Cela devait être confortable, mais par rapport à ma tombe blanche à la citadelle une impression d’écoeuremment et de surcharge monta en moi, il y en avait trop, cela devait ridicule et la lumière crue du soleil ne faisait qu’accentuer les choses.
J’étais aveuglée par toute cette lumière, je n’aimais pas ça, j’aurais du garder mon manteau, il m’aurait au moins protégé de cet envahisseur de soleil, détestable.
Mais il aurait été trop imprudent d’appeler un reflet et un nouveau manteau, le garçon pouvait se retourner à tout moment. Je l’examinais, les détails physiques m’importais peu, inintéressants, je remarquais juste le verre de vin rouge posé devant lui.
Pathétique ? Ou juste décoratif ? Cela devait juste être une question de goût, il était assez âgé et je n’en avais strictement aucune utilité à lui faire remarquer, aussi je me contentais le tousser légèrement et de lui faire remarquer la piètre qualité de sa musique…
Le soleil chauffait à travers les vitres et j’avais l’impression qu’il me transperçais comme un traître par derrière, il rendait ma peau encore plus translucide que d’ordinaire, on aurait dis un cadavre qui sortait de sa tombe.
« Vous n’avez strictement aucun talent pour la musique, j’espère que vous entre conscient, c’est la torture pour les oreilles de toute personne normalement constituée… Autant faut-il l’être… »Je m’affalais des le canapé rouge qui lui faisait face.
« Je suppose que vous avez autant de raisons que moi de vous trouvez ici, aucune, juste tuer l’ennui. La bouteille est-elle étiquetée à votre nom ? Avez-vous un droit de possession dessus ? Je suppose que non ? Passe. »[HRP : Désolée de t'avoir fait jouer du clavecin mais je voulait faire "avancer" ?]